Mobilisation massive en Irlande contre l’austérité : no way, we won’t pay !

 

Après la manifestation massive du 11 octobre à Dublin, la mobilisation s’est étendue ce 1er novembre, réunissant près de 150 000 personnes dans l’ensemble du pays. C’est la manifestation la plus significative depuis des décennies.

Pourquoi ? Parce qu’elle s’appuie sur une mobilisation « par en bas », ancrée dans les classes populaires, qui ont assuré à l’échelle des territoires des manifestations importantes.

Les classes populaires de Dublin se sont mobilisées massivement. Une fraction significative et énergique venait de certains quartiers du Nord-est de la capitale, où se sont déroulées des révoltes locales contre la mise en place de compteurs d’eau dans les derniers mois.

L’opposition intense et la colère ressentie par la population sur cette question – la privatisation de l’eau – a évidemment constitué le facteur essentiel de la mobilisation, notamment localement. Mais cette révolte contre la taxe sur l’eau est aussi le point culminant d’une opposition à 6 ans d’austérité impitoyable, 6 ans d’une guerre de classe unilatérale que l’élite au pouvoir a imposé aux travailleurs, aux chômeurs, aux personnes âgées, aux jeunes, etc.

Le fait que le gouvernement et les médias insistent autant ces derniers mois sur la reprise économique a aidé à cristalliser une volonté de riposte. S’il y a une reprise, pourquoi parlent-ils d’imposer des taxes à 500 euros par an, et pourquoi faudrait-il les accepter ?

La mobilisation emmenée par l’ICTU (principale confédération syndicale en Irlande) en novembre 2010 a représenté une forme de point haut de l’opposition à l’austérité et aux ordres de l’UE et du FMI, mais l’ICTU céda ensuite sur tout, ce qui eut un effet démobilisateur. La poignée de manifestations un peu conséquentes avaient des airs de processions mortuaires, la masse des participant.es répondant passivement à l’appel syndical, sans aucun espoir qu’il serait utilisé pour construire un véritable mouvement d’opposition.

A l’inverse, le 11 octobre avait des airs de mouvement de masse en construction. Il fut bruyant, furieux et enthousiaste. Les mères accompagnées de leurs enfants en constituaient la composante dominante, les enfants étant souvent les interprètes les plus efficaces du slogan « No way – We won’t pay ! ». Banderoles et pancartes faites maison décoraient la manif et illustraient l’humeur défiante et même confiante qui avait manqué, et cela peut entrainer en retour une mobilisation encore plus large parmi les classes populaires, contre les taxes sur l’eau.

En ce sens, le 11 octobre représente un véritable défi à la suprématie de la bureaucratie syndicale de l’ICTU, face une mobilisation populaire sincère et un cri de révolte contre l’austérité.

L’opposition à la mise en place des compteurs est également significative. On peut voir un début d’auto-organisation du côté de ces communautés qui, à l’échelle de leur territoire, trouvent leurs propres outils pour agir – parvenant dans bien des cas à empêcher la compagnie Irish Water d’installer le moindre compteur dans certaines résidences

Des meetings de rue massifs ont eu lieu, en soutien efficace aux campagnes locales, en écho aux assemblées qui se sont déroulées en Espagne ou en Grèce ces dernières années, organisant localement la lutte anti-austérité. Cette nouvelle activité dans des secteurs des classes populaires qui n’avaient jamais protesté auparavant peut conduire à construire un mouvement victorieux contre les taxes sur l’eau, et c’est un ingrédient essentiel pour construire une alternative puissante à gauche.

Laura Fitzgerald. Publié sur le site du Socialist Party.

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