Et maintenant ? : contribution de Philippe Cottet.

Seules les classes populaires peuvent construire une alternative émancipatrice…

Avons­-nous besoin d’une gauche solidaire ou d ‘une gauche révolutionnaire ? Avons-­nous besoin d’une gauche du partage ou d’une gauche qui permette à ceux qui les produisent ( les travailleurs) de contrôler les richesses et leur utilisation ? Avons­-nous besoin d’une gauche de l’empathie avec les plus pauvres, les exclus ou d’une gauche de combat contre la pauvreté et l’exclusion ? Avons­-nous besoin d’une gauche qui parle au nom du peuple ou d’une gauche qui soit l’émanation du peuple ?

Tant que les réponses politiques ne seront pas construites par ceux qui devraient détenir le pouvoir, tant que les formations politiques se réclamant du peuple n’auront pas pour seule ambition de redonner la parole et le pouvoir au peuple, tant que collectivement nous ne serons pas capable de construire un projet cohérent d’émancipation par la prise de pouvoir par le peuple … alors nous irons de déconvenues en déconvenues.

Car la raison de la non-­adhésion populaire aux idées pourtant généreuses et transformatrices du Front de Gauche ne réside­-t-­elle pas avant tout dans notre incapacité collective à mettre en marche un vaste mouvement populaire d’appropriation des richesses ? Notre priorité absolue ne devrait­elle pas être d’œuvrer à la construction de ce mouvement populaire ? Et populaire n’a pas le même sens que citoyen : aujourd’hui des pans entiers des classes populaires sont en marge de la citoyenneté. S’agit­il de ne rassembler que ceux qui se reconnaissent encore dans cette notion de citoyenneté ? Ou ne faut­il pas plutôt en appeler aux classes populaires, non pas pour qu’elle soit « citoyennes », mais pour qu’elles construisent un projet émancipateur …

Il n’y a pas de compromis possible avec le capitalisme. Les expériences sociales-­démocrates (ou sociales-libérales) le montrent ! Il n’y a pas d’issue possible dans un système construit au nom du peuple mais sans le peuple. L’Histoire du XXeme siècle nous l’a montré… Il s’agit donc d’inventer autre chose, de faire autrement : une autre façon d’être et de faire de la politique. Il s’agit de redonner au mot « politique » son sens large de « construction d’une société », de le sortir du sens étroit dans lequel il est actuellement enfermé et qui le limite aux « jeux de pouvoir ». Pour cela, il nous faut sortir du jeu politicien dans lequel nous nous sommes trop laissés enfermer à travers des alliances ponctuelles, des stratégies illisibles ou des compromis de circonstance … 

Ainsi, lors des élections, le choix des candidats ne doit-­il être l’affaire que des partis organisés ? Les programmes et les propositions ne doivent­-ils émaner que de ces partis ? Ne serait-­il pas préférable de travailler à des constructions et des choix partagés par les classes populaires et pour les classes populaires ? Mais comment y parvenir quand ces mêmes classes populaires tournent leurs regards vers l’extrême-­droite ou se désintéressent massivement des enjeux politiques ? Peut­-être simplement en leur redonnant les clés de la maison, en leur permettant de revenir au centre du jeu et pour cela en privilégiant, avant toute autre tâche, le débat, la rencontre, l’échange avec ces catégories de la population … En leur redonnant la parole, en les rendant maîtresses des choix, à partir de leurs préoccupations les plus immédiates. Il faut que les mouvements émancipateurs (syndicats, partis politiques, mouvements d’éducations populaires …) se mobilisent en ce sens, chacun dans son rôle. Pour cela il semble nécessaire de reconquérir les cités, les quartiers populaires, les villages dont les populations sont ignorées, marginalisées par certains et stigmatisées par d’autres. Mais aussi de s’adresser aux travailleurs sur les lieux de travail (entreprises, zones d’activité …). C’est d’un travail de fond dont il s’agit, de longue haleine qui ne se résume pas aux campagnes électorales et aux tractages qu’elles occasionnent mais qui doit s’ancrer durablement .

Et comme il nous faut réinventer la politique, il nous faut aussi réinventer les formes d’organisation. Formes qu’il ne nous appartient pas de décider mais qui doivent se construire au fil de l’eau … Vaste programme !

 

Philippe COTTET (enseignant et militant syndical)

 


Guerres, attentats, montée du FN, migrants, COP 21 … : L’année que nous venons de traverser nous oblige à la réflexion et à l’invention.

La campagne pour une région coopérative, que nous avons vécus ensemble dans le 05, est un début de convergence mais nous devons œuvrer à la construction d’un imaginaire commun.
 
C’est pourquoi « Alp’ternatives » vous propose d’écrire quelques lignes pour répondre à cette question : Et maintenant, comment construire l’alternative ?
 
Vous pouvez bien-entendu vous attacher à un des aspects de ce vaste sujet, faire un texte court ou plus développé, parler local ou mondial…(nous sommes tous porteurs d’une part de la solution.)
 
Vos contributions seront publiés sur www.alpternatives.org et peut-être sur une version papier qui rassemblera les différents textes. (merci d’envoyer vos contributions à alpternatives@gmail.com )
 
Vous remerciant par avance,
 
Pour alp’ternatives,
Laurent Eyraud-Chaume

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