Même pas peur !

éditorial – n°24 – avril 2017

Nous sommes à quelques jours, quelques heures, du premier tour de l’élection présidentielle. Tout a été dit et écrit sur cette campagne. Le seul verdict en sera pourtant le résultat lui-même et le choix réel des électeurs. C’est un moment rare où chacun compte pour un, où le 1% qui possède tant ne pourra compter que pour 1%. Nous savons que les moyens financiers en jeu, la main mise sur les médias par quelques milliardaires aura un impact sur le vote. Cette campagne aura pourtant permis l’émergence de paroles à contre-courant des éternels discours qui, drapés dans une posture “anti-système”, rabâchent les mêmes recettes, les mêmes idéologies.

Les urgences croisées, qui se dressent face à nous, écologique, démocratique et sociale, nous invitent à faire le choix historique d’une rupture avec les logiques productivistes, guerrières et racistes. Le bulletin de vote Jean-Luc Mélenchon représentera plus que son propre programme et que le mouvement qui porte sa candidature. Il fédère des citoyens de multiples traditions culturelles de la gauche et même une large part d’anciens abstentionnistes et d’électeurs de droites. Cette convergence électorale d’un jour “utilise” un candidat pour dire stop à ce choix mortifère entre ultra-libéralisme et  droite réactionnaire. Elle n’est pas une nouvelle dévotion à un “chef” même charismatique. Elle transcende les clivages car chacun est conscient de l’enjeu de ce scrutin.

Une victoire du candidat de la France Insoumise serait un événement sans précédent depuis des décennies. Certains tentent de nous convaincre qu’il apporterait “ruine et désolation” mais cette victoire ouvrirait la porte à de nombreux possibles pour les français mais aussi au niveau international. Ne cédons pas à la peur de l’inconnu mais ne soyons pourtant pas grisés pas cette possible issue positive. Il nous faut la conforter et la réaliser, discussions après discussions car nous le savons c’est dans les derniers jours que les indécis font leur choix et par la même celui du pays. Ensuite, si ensuite il y a, nous n’aurons fait qu’un tiers du chemin…

Le 2ème tiers est celui des élections législatives. Construire une majorité à l’Assemblée Nationale sera d’abord un défi pour chaque territoire. Nous avons l’opportunité dans les Hautes-Alpes de faire élire une militante, sociale et écologiste, de terrain (Agnès Antoine en lieu et place du macroniste-cumulard Joël Giraud…) et un pacifiste d’envergure nationale (Pierre Villard en lieu et place d’un soutien sans faille du quinquennat Hollande, Karine Berger…). Leur victoire sera aussi celle d’une démarche : “la convergence citoyenne 05”(nous y reviendrons dans notre prochain numéro.)

Le 3ème tiers sera de loin le plus enthousiasmant et le plus laborieux. Il faudra reprendre le terrain pied à pied pour porter les alternatives, multiplier les luttes dans les entreprises, faire appliquer un programme et l’enrichir à partir du local. Il faudra glisser du temps électoral, où chacun est aussi face à lui même, au temps de la transformation où il faut sortir de chez soi, co-construire le réel. Ce sera le temps de la créativité et du retour aux décisions collectives dans nos quartiers, nos entreprises. N’ayons pas peur de l’affirmer, il faudra plus d’adhérents dans les syndicats, plus de militants dans nos associations, plus de temps consacrés au commun. Il faudra une vigilance sans faille pour que nos élus restent de simples “porte-paroles” des orientations décidées ensemble. Il faudra savoir soutenir une majorité et lutter contre certaines de ses décisions… Oui le temps électoral est un passage obligé pour nous, mais l’Histoire nous enseigne qu’il n’y a pas d’avancées possibles, sur tous les terrains de l’émancipation, sans une mise en mouvement des citoyens, sans une conscience collective que le futur se construit chaque jour et par chacun. Pour le dire en peu de mots : “changer le monde?” ce défi nous convient, pour nous c’est “même pas peur”!

Laurent Eyraud-Chaume.