Evidemment, notre département n’aura pas fait basculer les résultats nationaux mais c’est un événement local qui mérite d’être analysé. Nos confrères locaux, papiers, radio ou TV, n’auront d’ailleurs noté ce fait que le temps d’une brève vite oubliée, comme pour conjurer le mauvais sort.
Avec 18 796 voix, il aura manqué 150 électeurs au candidat de la France Insoumise pour être en tête (devant E.Macron) dans notre département. Les résultats par commune sont d’ailleurs à l’avenant et si l’on n’est pas surpris des 30% à Veynes, JLM est en tête à Briançon, Embrun, l’Argentière, St Bonnet…L’analyse fine des dépouillements montre aussi des progression dans de nombreuses petites communes rurales (du Buëch au Queyras en passant par le Champsaur) où il fait très nettement reculer le FN. C’est un moment historique à l’échelle nationale mais les résultats haut-alpins sont eux aussi à saluer et comprendre.
Même si dès 2012, le 05 votait pour l’alors candidat du Front de Gauche à hauteur de 14% (contre 11% au niveau national) la percée de 2017 met la gauche sociale et écologiste en position de force pour les prochains scrutins.
Comment expliquer cette progression ? Bien-entendu, les Hautes-Alpes sont en France et la brillante campagne de JLM aura produit les mêmes effets ici qu’ailleurs : cohérence programmatique, clarté pédagogique des discours, nécessaire rupture avec le quinquennat Hollande, positionnement pacifiste et écologiste sans ambiguité etc…
Pourtant, même si de nombreux néo-militants sont apparus au fur et à mesure de la campagne et ont rejoint les rangs de la France Insoumise, l’ancrage politique du mouvement dans le 05 est récent et parfois fragile. Il a fallu un vote en conscience de citoyens cherchant une issue à leur colère mais aussi à leurs luttes locales. On peut, par exemple, observer en suivant le chantier de la ligne RTE la force des scores de JLM. On peut noter que les communes où les citoyens sont fortement impliqués dans l’accueil des migrants ou lors des Nuits Debout votent majoritairement pour JLM. A l’inverse, les espaces où les dynamiques militantes locales sont faibles ou isolées n’ont pas connues la même percée.
Le vote pour Jean-Luc Mélenchon dans les Hautes-Alpes a, sans doute comme ailleurs, permis de rendre visible une évolution culturelle profonde qui place l’écologie au centre des préoccupations, le nécessaire dépassement des codes anciens de la politique comme une évidence, la volonté de changer d’ère et pour une fois gagner…
Même si le mode de scrutin de cette élection présidentielle laisse de nombreux citoyens orphelins de candidats au second tour, ce résultat, si il est sans doute dû à un homme et à la cohérence d’une stratégie, marque l’aboutissement d’une profonde évolution sociale et culturelle fruit de nombreuses luttes, d’alternatives concrètes et de solidarité en actes. Ce vote n’est pas un acte de délégation à un “sauveur” et de nombreux électeurs ont su exprimer des critiques à l’égard de tel ou tel points de programme ou sur la méthode “FI”. Il reste à présent à transformer un résultat électoral en pôle politique démocratique qui ressemble à ses électeurs : rebelles et divers, citoyens actifs et conscients, rassemblés et multiples !
LEC
Bonjour,
n’oublions pas les échéances à venir, à savoir les législatives, nous devons rester motivés, militants afin d’amplifier cette dynamique de luttes et d’actions,
rendez-vous le 1er mai
Merci de cette bonne analyse sur la correspondance entre mobilisations locales et score électoral.
Un bémol quant à l’écologisme de JLM, Keynésien traditionnel partisan d’une croissance à 4% incompatible avec la survie de la planète. Quant au pacifisme, aucune remise en cause de la force de frappe atomique qui nous coûte 3,5 Mds par an et bientôt 6 Mds.