« Ils partirent cinq, mais par un prompt renfort,
Ils se vîrent 400 en arrivant au port
Tant, à les voir marcher avec un tel visage,
Les plus épouvantés reprenaient de courage. »
(Paraphrase du « Cid » de Corneille)
Depuis bien des années, les représentants du personnel de la ville de Gap et également nombre d’élus alertaient sur la gestion particulière de Roger Didier des « ressources humaines ». La coupe étant pleine et même débordante sans écoute ni dialogue, le 4 mai 2017 démarrait une grève sans précédent de tous les services de la municipalité. C’est un « plan de lutte contre l’absentéisme » mis en place par l’édile qui réveilla la colère des travailleuses, des travailleurs de la ville, toutes catégories confondues. Roger Didier, à plusieurs reprises avait, selon de nombreux témoignages, marqué son mépris pour les fonctionnaires. Pressions psychologiques, harcèlement… Les adjectifs s’additionnaient dans la bouche des personnels parfois désespérés qui, lors de ce mouvement, ont pu enfin s’exprimer. L’élu ne prit pas la peine de répondre au préavis de grève avant de partir en voyage aux USA autrement que par un simple « jugement en illégitimité » laissant la ville, ses employés et donc ses administrés, s’en débrouiller seuls. Peut-être pensait-il que le mouvement ne ferait pas long feu et serait peu suivi ? Peut-être pensait-il que ce n’était pas là son affaire ? Peut-être pensait-il que les fonctionnaires au service de la population sont des « bons à rien, des fainéants » ? Sur le marché de Gap du samedi où les employés manifestaient, les commentaires des gens, habitants ou non, laissaient fleurir malgré l’orage, aux bourgeons de colère des éclats de mimosas verbaux que la décence ne permet pas de publier à l’égard du 1er magistrat de la ville. Un rendez-vous était fixé le mardi 9 mai avec Roger Didier et les syndicats CGT-FSU et CFDT.
Le lundi 8 mai, profitant du jour férié, et après un dimanche d’élection présidentielle peu ragoûtant, certains grévistes et nombre de contractuels (employés non titulaires), recevaient des appels téléphonique, des sms, voir des courriels, de la direction de la ville d’intimidations, de chantages à la sanction déguisés. Les représentants syndicaux se virent sommés de démonter les isoloirs sous peine d’annulation ou du report de la rencontre tant attendue pour le lendemain. A 5 h00 du matin, le 9 mai, ils étaient là et bien là ! Les syndicats, les personnels de tous les secteurs entamaient malgré les « menaces » le blocage des services techniques alors que la maire s’offrait une tribune gratinée dans le canard local ou, sans rire, il se déclarait « fier d’avoir la masse salariale dans la fourchette la plus basse des villes à la « strate » équivalente » . Autrement dit, il se disait fier de demander à moins de personnel d’en faire plus que les autres en gelant les salaires et en promettant de punir les « absentéismes » pour maladie par des réductions de primes annuelles drastiques. On est fier de ce qu’on peut, et là c’est « qui peut un peu plus fait beaucoup moins ». Il omettait de dire, tout de même, qu’il avait engagé des contractuels pour démonter les fameux isoloirs. Les personnels, malgré tout, acceptèrent de démonter les 3 derniers.
C’est dans cette ambiance délétère que tous se retrouvèrent mardi dés 13h30 devant la mairie, rue du Colonel Roux, pour accompagner les représentants à la négociation prévue et maintenue. Malgré la fatigue, la tension, les travailleuses et travailleurs en colère, chantaient, espéraient et, surtout, surtou patientaient ! 6h30 de négociations auront été nécessaire pour parvenir à un accord jugés par les uns « ad minima » et par d’autres comme « avancées significatives… » . La suspension du fameux « plan de lutte contre l’absentéisme » avec la création d’un groupe de travail paritaire faisait partie des acquis de la discussion. Mais les représentants syndicaux étaient unanimes pour parler de changement de comportement et de méthode du maire… Quelque chose s’est passé, visiblement, et le dialogue semble avoir été noué. Élections législatives en vue ? Prise de conscience d’un élu face aux multiples témoignages diffusés ? Crainte face à un mouvement social d’une ampleur jamais égalé dans ce service territorial ? Ou peut-être un peu tout ça ou peut-être un rien de comédie humaine, c’est le temps qui le dira et Alp’ternatives ne manquera pas de revoir les employés dans quelques semaines pour voir si ce changement c’était « maintenant »… C’est encouragé par les résultats obtenus par la négociation que la grande majorité des grévistes votait la reprise du travail dés le 10 mai à midi.
(photos droits réservés alp’ternatives. Crédit photo Leo Artaud)
Retour en image sur un mouvement historique :
Le témoignage de « Camille »
reportage au coeur de la manifestation du Samedi 6 mai