Nous publions aujourd’hui le récit poignant de Philippe Assaiante, responsable syndical CGT, qui accompagne les salarié-e-s de la Polyclinique de Gap dans leur lutte.
« Tel un sujet de philo, chaque jour je me demande jusqu’à quel point la conscience professionnelle peut-elle faire supporter la souffrance au travail ?
Je milite chaque jour pour défendre les intérêts des salarié-e-s, leur liberté et leur dignité. La situation des salarié-e-s de la Polyclinique de Gap est une malheureuse illustration de l’inacceptable, l’inexplicable… Voici plus de 2 ans que nous rencontrons nombre de salarié-e-s de l’établissement qui nous font part de leurs souffrances morales et physiques liées à leurs conditions de travail. Chaque jour, et depuis trop longtemps, ces salarié-e-s subissent les attaques, les humiliations et le harcèlement de la souveraine Mme de Rigal dont le nom n’est plus un mystère dans le département. Tel un rouleau compresseur elle avance, écrase et broie de l’humain sous le regard complice de certains actionnaires qui semblent plus préoccupés par la rentabilité de l’affaire que par la santé des salarié-e-s. Et pourtant, depuis des mois, chaque jour, chaque salarié-e lutte pour veiller sur la santé de ses patients au péril de la sienne. Est-ce qu’avoir la conscience professionnelle c’est faire son travail de son mieux en s’oubliant parfois soi-même ? Non, la conscience professionnelle est une vertu qui, lorsqu’elle tombe dans les mains d’une personne diabolique, se transforme en pistolet qu’on vous pose sur la tempe. Quel gâchis!
Depuis trois jours j’observe, j’écoute et je discute avec ces salarié-e-s et je découvre des personnes qui aiment leur métier et leurs patients. Le sentiment de culpabilité de ne pas être auprès des patients ne les quitte pas. Pourtant, arrivé-e-s au bout de leurs forces, leur résilience se transforme en résistance. Résister pour bien faire ! Dans quel monde vivons-nous ?
Ce soir, jeudi 22 juin, j’ai vécu un moment douloureux et fort. A l’annonce du résultat de la rencontre avec le conseil d’administration qui affirme qu’il ne fera rien contre l’ignoble personnage, j’ai vu les visages des salarié-e-s se transformer. Leurs yeux se sont remplis de larmes. J’ai d’abord pensé que la déception, la fatigue et la pression en étaient responsables, cela aurait été plus simple. Je mène un combat, je donne tout, je perds, je pleure. Jusque-là tout est normal. Très vite des voix chargées de sanglots se frayent un passage dans le brouhaha pesant et je comprends. Un frisson m’envahit. Je réalise que leurs plus grande peur commune est d’imaginer un instant être obligés de reprendre le travail avec ELLE ! Je les regarde 1 à 1, n’osant même pas immortaliser ce moment par une quelconque photo ou absurde vidéo tellement l’ambiance me semble écrasante. Chacun-e ressemble à un enfant qui ne veut plus aller à l’école parce qu’il est mal traité par ses camarades et qu’il vient de l’avouer. Dans le public venu les soutenir, les visages se figent, les secondes s’allongent comme les larmes sur les joues. Les salives s’avalent puisqu’il n’y a pas de mot tellement on sent les maux. Comment peut-on en arriver là, au nom de qui, au nom de quoi ? Un sentiment de révolte traverse quelques esprits qui s’expriment et le mode résistance renaît alors plus fort : « Nous ne céderons pas, on lâche rien ! » La population présente, par ses acclamations et ses applaudissements confirme son soutien. Nouveau frisson devant cette prise de conscience, cette solidarité. Les échanges reprennent, des propositions d’actions jaillissent, quelques éclats de rire résonnent, la vie reprend. Il est presque 19h00, les salarié-e-s uni-e-s semblent avoir du mal à quitter cet espace qui leur appartient depuis 3 jours. Certains ont encore les larmes plein les yeux et tous seront là demain pour continuer ensemble leur combat pour un avenir meilleur. C’est à vous, salarié-e-s de la Polyclinique de Gap que je souhaite témoigner tout mon respect. Votre combat puise sa légitimité et sa force dans votre union et votre détermination. »
Philippe Assaiante
Effectivement, mon ami Philippe tu m’as fait venir les larmes aux yeux et je comprends ta peine et ton indignation confondues devant tant de souffrance. les soignants ont une conscience professionnelle qui dépasse leurs limites et voir des technocrates en profiter salement pour mieux les exploiter est indigne et révoltant, d’autant que derrière les soignants viennent tout de suite les patients que l’on maltraite également, la politique du pire ne doit pas avoir d’avenir, merci pour votre lutte, qu’elle gagne et soit un modèle pour tant d’autres. Soutien.
merci, mille fois merci pour ce récit qui reflète si bien se que nous vivons, mais » on ne lâche rien » aide soignante à la polyclinique
Heureusement dans l absolu l esclavage à été aboli, enfin c’est bien ce qu on a bien voulu nous faire croire mais la réalité est tout autre! Aujourd’hui le pouvoir et l argent dirigent notre pays et plus encore à l échelle mondiale et cette situation profite à une minorité de gens sans coeur et sans âme assoiffés de richesse et chaque jour des hommes et des femmes travaillent avec âme et conscience pour redonner du sens à cette vie sur terre!!!! Il serait temps non d une vie meilleure mais d une vie plus juste.
Bravo PHILIPPE pour ce combat et pour ton courage. Cécile
Bravo ! à ceux qui luttent et à l’auteur !
Merci du soutient que vous leur apporter! j’ai quelques amies qui y travail et que je voie souffrir depuis quelques années a force de subis l’inhumanité et la perversité de cette personne, soutenons c’est personne qui apporte soins empathie et réconfort aux quotidien.
courage a vous tous.la perseverance dans votre mouvement portera ses fruits esperons lede tout cœur avec vous