La parole donnée
A la veille de leur arrivée à Gap après plus de 110 kilomètres de route de montagne parcourus en 4 jours, les « migrants », les organisateurs de la marche, les compagnons du chemin, sont épuisés… de la parole donnée et toujours reprise par les institutions. Parole donnée par la promesse républicaine et trahie par la bassesse de ceux qui dirigent. Parole donnée et non tenue par le gouvernement Valls et le président Hollande qui s’étaient engagés à ne pas « dubliner » les migrants de Calais lors du « transfert » des humains en détresse qui y survivaient. Parole donnée par le Préfet des Hautes-Alpes, Philppe Court, de recevoir les migrants directement lors de leur arrivée et qui, samedi déclarait dans une petite chaîne de télé-publicité locale que finalement il ne sera pas là.
Mais la marche, la vraie, celle qui consiste à mettre un pied devant l’autre et de recommencer et non celle qui consiste à mettre une promesse devant l’autre juste pour l’affichage, c’est bien connu revigore le corps et l’esprit. C’est alors remplis de détermination et avec encore quelque espoir que les « marcheurs » s’apprêtent ce lundi à effectuer la dernière ligne droite. Elle les conduira devant la préfecture.
Juridiquement comme humainement, rien n’est perdu. Rares, certes, sont les cas où les choses s’arrangent parce que tel ou tel juge ou acteur institutionnel ne parvient pas à se résoudre à l’inepte… Mais « rare » n’est pas « jamais ». Beaucoup sont arrivés dans le froid et la neige de cet hiver. Certains par les frontières d’autres par des chemins improbables, sans carte ni GPS… Des jours parfois sans manger, ils ont fini par trouver asile dans le cœur là d’un paysan, d’un habitant et enfin dans celui de la fraternité qui façonne, détermine, de notre nature les contours de notre humanité. »
Leo Artaud
Alp'ternatives 