Etienne Trautmann est accompagnateur en montagne. Il connait les cols des Alpes et leur dangerosité pour les jeunes qui tentent de passer la frontière. Révolté par l’accueil réservé aux migrants dans notre département, pour Alp’ternatives, il mène l’enquête, en quête de solidarité.
Depuis des mois, la situation des migrants est au cœur de l’actualité, la frontière et les points de passage entre l’Italie et la France étant militarisés, dans les départements plus au Sud des Hautes-Alpes (Roya…), notre département voit l’afflux de migrants augmenter depuis le début de l’été. Ces migrants, tous jeunes (mineurs pour un certain nombre), fuient l’Afrique au péril de leur vie, traversée de la Libye mais plus encore la traversée de la Méditerranée dans des embarcations de fortune. Ce parcours du combattant parsemé d’embûches et de dangers ne s’arrête pas en Italie, ni même en France. Chez nous, le passage des cols à plus de 1700 m. d’altitude, en petites chaussures, sans affaires chaudes ni nourriture ou eau la plupart du temps, est risqué, c’est un accompagnateur en montagne qui parle, la haut, la nuit, il gèle. C’est ainsi qu’à leur arrivée à Briançon, certains sont dans un état d’épuisement tel qu’il ne sont même plus capable de prononcer leur nom, d’autre sont en hypothermie et en déshydratation et conduit directement à l’hôpital… « No futur » dans leur pays corrompu d’Afrique pour cette jeunesse qui s’exil, ça fait réfléchir quand un pays se vide de ses forces vives!

Notre Conseil Départemental 05 (CD 05) ne semble pas prendre la mesure du problème. En effet, la loi oblige les CD à la mise à l’abri de tout mineur isolé, quel qu’il soit. Cette mise à l’abri stipule, l’hébergement, la nourriture mais aussi la scolarisation de ces mineurs. Le 26 septembre, soit la semaine dernière, notre CD vote à la majorité de couper les vivres aux mineurs isolés lors de cette séance houleuse. Cette décision est d’une part contraire au bon sens humanitaire mais plus grave encore dans notre République, en dehors de toute légalité. Je ne fais là que de vous rapporter des fais, mais mon indignation ne s’arrête pas là. Christian Hubaud, mon Conseiller Départemental Gap Ouest, exprime son indignation lors de cette séance : « Je suis gêné de n’avoir jamais entendu ici le même empressement pour la mise à l’abri de nos sans-abris« . Alors, là, je vous trouve vraiment pathétique Mr Hubaud, car je ne connais pas de SDF qui dorment dans la rue dans les Hautes-Alpes, je ne dis pas qu’il n’y en a pas du tout, mais je pense que si c’est le cas, ils se comptent sur les doigts d’une main alors qu’on estime à plus de 700 les migrants entrés dans notre département. Le débat mériterait qu’on prenne la situation au sérieux, le statut d’élu, vous oblige à avoir une maturité intellectuelle, et un regard apaisé (si cela est encore possible) sur nos problèmes de société. J’aimerai que ces mots « liberté, égalité, fraternité » qui trône sur le fronton de nos mairies et écoles ne soient pas juste des beaux mots de façade. La fraternité est je pense une valeur universelle, qui dépasse les clivages politiques, alors soyons un peu sérieux et responsables pour nous ouvrir sur la solidarité entre les Hommes.
Etienne Trautmann
Vous pouvez écouter ci-après le témoignage poignant de Cédric, un bénévole qui aide les migrants sur Briançon, témoignage effectué le dimanche 1er octobre.
Cette enquête vous semble importante dans la période actuelle alors n’hésitez pas à soutenir Alp’ternatives !
Salut. Juste pour préciser par contre qu’il y a peut être au moins une centaine de gens à la rue dans le 05, hors migrants (j’ai déjà plusieurs potes sdf relativement socialisés). Ils ne dorment pas (la plupart) dans la rue mais dans la foret, dans des cabanes en palette, des vieilles caravanes, des carcasses de camion, des hangars ou cabanes abandonnées… Il suffit de faire le piquet au 115 à Gap le soir pour voir sortir ces jeunes (en très grande majorité) sans hébergement avec leur couverture de fortune. On peut aussi tenter la récup dans les poubelles de magasin d’alimentaire pour croiser plein de gens. Donc bon, juste pour dire que c’est pas parce que la police fait se cacher la misère loin des centres qu’elle n’existe pas. Salut.
Bonsoir Etienne, merci pour ce témoignage, merci à Cédric, merci à tous ceux qui œuvrent bénévolement pour un monde meilleur et prennent publiquement position. Je partage ce témoignage car on ne peut plus détourner le regard et rester les bras croisés face à un tel enjeu. Hélène, je ne suis pas du département mais je vous rejoins dans le sens que je pense qu’il existe partout un nombre hélas trop important de personnes vivant à la limite de la décence et de l’insalubrité mais ce n’est pas pour autant une fatalité, souvenons-nous en, il est tout à fait possible de faire reculer la misère. J’espère que tout comme Cédric, un bon nombre de personne se rendra compte de ce problème aux lourdes conséquences qu’est le contrôle au faciès, qu’il s’applique ici aux migrants ou chez moi au quartier pour le coup à des citoyens français. Le racisme d’Etat semble institutionnalisé. Amitiés sans frontières. Sophie.
Notre Eyraud local a joliment et simplement remis à sa place un de nos héros local et nous l’en remercions. Un jour nous ferons plein de « feux d’artifesse » pour fêter le retour des services publics et la naissance d’un monde meilleur pour tous.La famille Lecomte