Si vous voulez voir ou revoir le reportage de France 2 sur les migrants mineurs et leur situation sous cliquez sur le lien :
https://www.youtube.com/watch?v=xbBx6xN3WXM&feature=youtu.be
Il y a cependant quelque chose de faux dans ce reportage. Les ticket repas ont été supprimé par le Conseil Départemental. Nous n’en voulons pas à France 2 de cette fausse information car il est très difficile de suivre le dossier des tickets repas. Ainsi mercredi dernier nous avions publié le texte suivant, enlevé depuis du site des Alp’ternatives parce que l’info « vraie » à 12h 30 ne l’était plus au milieu de l’après-midi. A l’heure actuelle, il n’y a aucune prise en charge des migrants mineurs qui attendent leur entretien par les insitutions départementales et préfectorales. Nous remettons l’article entre [ ] et en changeons bien évidemment la conclusion.
[L’humanisme des tickets repas
Est-ce bien sérieux un titre pareil ? Les tickets repas ne sont-ils pas comme de l’argent, on les donne en échange de nourriture, d’un repas justement. Ils sont, en fait, un complément de salaire. Pas de quoi sortir les grand mots comme « humanisme ». Il s’agit d’un accord au sein des entreprises entre la direction et les salariés, il s’agit d’un avantage acquis. Qu’est-ce que l’humanisme vient faire dans ce cas ?
« Dans l’administration, il y a des gens humains », me dit-on, en parlant du Préfet qui vient de dire que son administration soit l’État, va prendre en charge les tickets-repas des migrants mineurs.
Le département est normalement responsable des mineurs quelque soit leur origine et il a un devoir légal de les mettre à l’abri, leur permettre de se nourrir, et de s’instruire. Or le Dauphiné Libéré du 27 septembre 2017, rendait compte de la séance du Conseil départemental à propos des tickets repas :
« Les mineurs non accompagnés,qui se trouvaient en liste d’attente, bénéficiaient jusqu’alors de chèques d’accompagnement personnalisés, destinés à leur permettre de s’acheter à manger. D’abord d’un montant de 12 euros, ils ont été réévalués à 7 euros. Hier, une délibération a entériné leur disparition. « Ces jeunes sont parfaitement accompagnés. Des repas sont prévus là où ils sont. Les bons alimentaires ne sont plus nécessaires », estime Jean Marie Bernard. « Cela pose un problème», s’inquiète Gérard Fromm qui remarque que « ce sont les associations qui supportent ce coût des repas ». Il s’interroge : « Comment va faire pour se nourrir une population qui est déjà dans une situation délicate ? » Et de craindre que cela ne développe une forme de délinquance. Il demande que ces bons restent envisageables dans des situations particulières « Avec les 7 euros, ils ne s’achetaient pas forcément à manger. On assistait à des échanges dans les magasins,répond Ginette Mostachi. À partir du moment où ils ne sont pas affamés, il n’y a pas de raison de garder ces bons alimentaires. »
On admirera la prise en otage des associations et la haute compréhension de la nature de la monnaie par une élue ainsi que sa générosité. « Pensez donc, il ne s’en servait même pas pour manger ! » A contrario, il y a bien un humanisme des tickets repas. Le Préfet en quelque sorte est venu au secours du Conseil Départemental mais pourquoi ?
Les associations qui aident les migrants mineurs, avaient annoncé que pour protester contre la décision du Conseil Départemental, elles feraient tous les jours des repas chauds pour ces migrants devant le Conseil Départemental. Cette esplanade risquait de devenir un lieu permanent de dénonciation des carences de l’État et du Département. Il fallait faire quelque chose pour éviter que la chienlit – capable d’échanger des tickets repas contre n’importe quoi – ne s’installe à demeure sur ce lieu hautement républicain et politiquement signifiant.
Aujourd’hui, 5 octobre 2017, c’était le premier jour du passage à l’acte des associations et le Préfet, tout heureux, est venu annoncer à un responsable sa décision de prendre en charge les tickets repas. Mais le repas public, sans ticket repas, était lancé, dans le calme, sous un beau soleil, régalant tous les mineurs présents. Les responsables d’associations étaient enchanté.es d’ avoir « aidé » le Préfet à être si humaniste et à défendre, enfin, les valeurs de la République.
Ainsi, non seulement, les tickets repas sont une monnaie, non seulement ils sont humanistes mais en plus ils permettent de désamorcer des mini crises politiques.]
En réalité, il n’y a plus de prise en charge des repas par des tickets repas ou autres, ce sont les associations et des bénévoles qui se substituent aux pouvoirs publics. L’État et le Département ne sont pas défaillant par manque d’information ou de bonne volonté mais par choix politique. L’inhumanité se trouve dans les détails, ainsi l’attention à ceux-ci, là où se cache le diable, dans les tickets repas, selon une vieille expression, permet de penser que dans les institutions en cause, les individus qui auraient la tentation d’être humain, ne le peuvent pas ou ne le veulent pas ou n’en n’ont rien à faire, bref, qu’ils sont totalement aliénés au sens rousseauiste. L’activité libre et émancipée est le fait des personnes militantes et bénévoles des « Milivoles » comme ils se nomment dans les associations qui travaillent à Calais ou autour. Vive les Milivoles d’ici et d’ailleurs !
Sébastien Grandis