« Noir c’est noir » grésille la sono. En effet, le jour n’est pas à la joie en plus il fait froid et gris et la neige a recouvert d’un blancheur sépulcrale la ville. L’intersyndicale organise une cérémonie d’enterrement fictif pour dénoncer la disparition programmée de 13 postes de soignants. Ils veulent surtout lancer un appel au secours.
L’hôpital à force d’être dégraissé voit sa structure soignante mise à vif, ce sont les « os » qui apparaissent dans leur aspect cadavérique. Et en effet, l’organisation des soins de jours est attaquée. Alors que trois binômes (infirmière, aide-soignante) travaillaient dans les services, une le matin, une l’après-midi, une à cheval, or celle de la journée va disparaître au premier janvier. Soit un dégraissage d’un tiers! Les réserves en personnel en cas de besoin urgent ou d’arrêt maladie ne vont pratiquement plus exister. Les hôpitaux de France prennent ainsi le « virage ambulatoire » avec violence pour le personnel hospitalier mais aussi pour les patients les plus fragiles.
Alors une manifestation en forme d’enterrement rend parfaitement compte de la situation de l’hôpital. Une centaine de « parents », amis plus la presse, les télé et les renseignements généraux écoutent le discours vantant les mérites du personnel si heureux autrefois d’accomplir ses tâches de soignants alors qu’aujourd’hui la course au rendement, « faire mieux avec moins », ne permet plus de sourire. Au contraire, ce sont souvent les pleurs du personnel hospitalier qui manifestent des burn-out un peu trop fréquents. Il faudrait soigner l’hôpital et ses personnels en n’aggravant pas la pression, le harcèlement au travail. Concrètement cela veut dire qu’un binôme s’occupait de 12 patients/clients alors qu’il y a quelques années ce n’était que de 8 patients et qu’à partir de janvier ce sera 15 clients. Dans ces conditions comment parler, comment sourire, comment faire son métier humainement, il faut courir sans cesse avec la peur au ventre de commettre une erreur. La tension est à vif, palpable dans les visages graves et fatiguées des personnes recueillies autour des 13 cercueils pour la minute de silence.
Les seuls demi-sourires approuvent la participation qui avouent-ils « aurait pu être meilleure ». Mais enfin ce n’est pas si mal vue les conditions qui règnent à l’hôpital où beaucoup de grévistes en puissance se sont vues mises en « astreinte » et donc interdite de manifester. En somme, les personnes présentes ne sont que le sommet d’un iceberg qui lorsqu’il s’effondrera fera beaucoup de dégâts. La lutte pour la santé pour tous est longue et difficile, il ne faut pas que les malades en pâtissent et cela rend les mobilisation, voire les enterrements difficiles.
La volonté politique de considérer les hôpitaux principalement d’un point de vue économique risque d’aboutir à des drames. Nous ne pouvons pas accepter une telle évolution. Croire que l’hôpital est seulement un coût fait oublier que la santé n’a pas de prix.
Sébastien Grandis
ps : une pétition peut-être signée ici : http://petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx?pi=P2017N49848http://petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx?pi=P2017N49848