Retours sur la Journée internationale des migrants

16 et 17 décembre 2017 Etats généraux des migrations à Briançon

Dans le cadre de la « Journée internationale des migrants » l’association Tous migrants, la Cimade, Le réseau hospitalité, se sont réunis à Briançon pour des premiers états généraux des migrations avant de se retrouver à Paris en Juin 2018. Près de 500 personnes ont répondu à l’invitation dont des personnalités, des élus, mais surtout des citoyens confrontés chaque jour, parce que frontaliers, au simple devoir d’assistance de personnes en danger face à une machine d’état devenue folle.

Cédric Herrou, agriculteur solidaire, Edwy Plenel auteur du manifeste « Dire nous » sur le devoir d’hospitalité, également Rachid Oujdi, réalisateur d’un documentaire exceptionnel sur les mineurs isolés « J’ai marché jusqu’à vous. Récit d’une jeunesse exilée » étaient notamment présents. Des juristes, des médecins, des élus de France comme d’Italie, ont tenté d’apporter des réponses juridiques, humaines, au travers de différentes tables rondes, aux interrogations parfois désespérées des habitants.

Quel est le sujet ?

0001 (10)Des adultes, des personnes, fuient des situations de guerre, d’esclavage, de tortures, de misères, et tentent de rejoindre des terres, des pays moins hostiles où ils pourront faire leur vie comme tout un chacun y aspire: Travailler, aller à l’école, fonder une famille… Ils ne fuient pas une maison dévastée qu’ils pourraient reconstruire. Cette possibilité là n’arrivera pas à l’échelle d’une vie. Du moins… ça n’arrivera pas si ils restent et meurent assassinés ou vivent dans des conditions telles que ce que nous appelons « résistances » face à des intérêts de pouvoir ne fait aucun sens immédiat.

Dites ? N’avez-vous jamais rêvé d’Amérique, d’Australie, de Canada… De cartes postales idéales parce que votre « né quelque part » vous paraissait tellement petit ; Tellement vide ; Tellement loin de vos aspirations… . Alors imaginons un instant que notre « né quelque part » soit la guerre, l’esclavage, la torture, la violence, la misère et que rien ne permet de penser que « demain ce s’ra vach’ment mieux ».

Imaginons un instant et nous avons 15 ans, 20 ans… Quel idéal à défendre? Celui de la géopolitique si complexe à souhait pour éviter de s’en mêler ? Des petro-dollars ici, des intégrismes là etc Autant de situations que notre douce France, 3 ème exportateur mondial d’armes n’a pas tellement intérêt à voir se régler. Et que dire de nos Cac 40… De nos Lafarge ? Si demain ils n’ont plus de misère à exploiter mais que vont devenir leurs actionnaires ? Que vont devenir tous ces millionnaires ? Et pas que la France… C’est No border pour les marchands de terreur ! Pas pour les pauvres et simples gens.

A Briançon, dans l’assistance les discussions fusent, les incompréhensions face à une politique de rejet légalisée… Ce que Maurras théorisait par la nécessité de gouverner par la xénophobie d’état, tout cela s’est partagé, échangé, débattu.

Le racisme gangrène t-il notre société ? « Et si ils n’étaient pas noirs ? » « Et s’ils n’étaient pas jeunes ? »… Et s’ils n’étaient pas pauvre !

Des jeunes noirs, arabes, riches sont très bien accueillis dans notre pays. Ils achètent des clubs de foot, des châteaux, des quartiers bourgeois entier. Combien de ces riches noirs ou arabes sont actionnaires dans les stations de l’or blanc ? Les grandes chaînes hôtelières ? 

unnamed (5)Bien sûr il y a du racisme et l’état, encore plus depuis les années Sarkozy, en joue. On fracture ; On fragmente… La dernière circulaire du ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, est un modèle du genre en mettant fin à l’inconditionnalité de l’accueil d’urgence proposant de trier les pauvres ; En intensifiant, auprès des préfets les expulsions. Jouer la carte de la guerre des pauvres contre les pauvres est une technique vieille de tout pouvoir incapable d’organiser la cohésion sociale. Diviser pour mieux régner est le plus vieux métier du monde. Explosion des inégalités, retour des privilèges de classe et j’en passe et des pires, justifient bien des compromissions avec les instincts les plus haineux, les plus vils qui nous habitent afin d’asseoir son électorat. Des gens bien nourris qui font croire à des gens un peu moins bien nourris que ce sont les affamés qui leur volent leur pain… ou leurs pâtes ! . Oui, l’état organise la xénophobie de classe.

Et si cette politique de contrôle répressif migratoire était organisée pour sauver l’état-nation en perdition ? La notion de « citoyen du monde » libre de circuler, d’habiter là où il veut pour les raisons qui le regarde, l’abolition des frontières, n’ont que rarement été aussi suspectes pour les ultras républicains. La chasse aux migrants ne serait finalement qu’un reflet de cette politique défensive. Oui mais, là encore, les faits semblent contredire cette argumentation. La France vient de rendre un hommage nationale à un exilé fiscal. Pas plus tard que la semaine dernière, la ville de Gap qui refuse d’accueillir 80 migrants de plus, célébrait en grande pompe un pilote émigré économique en Suisse mais né dans le coin. Une bonne partie des propriétaires des moyens de productions du Cac 40 sont des émigrés économiques et presque tous ont la légion d’honneur. Combien de ses vedettes, ses personnalités, émigrées économique à Perpète les grosses pépètes, la France célèbre tant le talent, parfois même mérité ? Oui notre pays accueille toujours avec ferveur ces grandes stars qui se veulent citoyens du monde… Pourvu qu’ils ne soient pas pauvres !

Frontières : Osons l’abolition !

unnamed (4)Pour clore la table ronde sur les mineurs isolés, un intervenant savoyard expliqua que le Conseil départemental s’était réjoui de l’arrivée des jeunes migrants dans les écoles. Cet apport aurait permis à certains élèves, des petits français en difficulté une meilleure « insertion ». On ne dira jamais assez que les périodes les plus constructives, prospères, sont celles où les sociétés ouvrent leur esprit et se laissent gagner par le partage et l’échange. La philosophie des Lumières a elle-même été un partage intellectuel, culturel, humain. L’ouverture d’une frontière est l’exact contraire de la colonisation. Beaucoup de conflits entretenus par les grands de ce monde sont des pays fabriqués et « frontalisés ». L’ouverture d’une frontière est le contraire du reniement de soi. Contrairement à l’argument fallacieux et tronqué souvent utilisé par nos institutionnels, il ne s’agit pas « d’accueillir toute la misère du monde » mais au contraire d’en partager toute la richesse, celle qui élève les esprits, celle qui a forgé aussi le meilleur de ce que nous sommes.

A Briançon, comme dans la Vallée de la Roya, ce ne sont pas les migrants qui génèrent des problèmes… Ce sont « les lois qui ne font plus les hommes… Mais quelques hommes font la loi» : là bas des trafiquants, exploiteurs en tout genre, avec parfois des logos bien de chez nous, et ici des préfets zélés, des politiques préoccupés par des choses qui ne nous regardent tellement plus et quelques autres qui suivent les ordres parfois au mépris de leur devoir élémentaire.

Toute cette semaine, nous reviendrons sur différents sujets traités lors de ces Etats généraux et sur les demandes des associations, des populations.

Ah oui ! Vous aussi vous avez noté… « Journée internationale des migrants » Internationale… .

Liens: https://tousmigrants.weebly.com/

Leo Artaud

Chroniqueur

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