Eymeoud, Tenoux, Martinez : retour au bon sens ?

Editorial N°31 d’Alp’ternatives
« Le bien commun se montre partout avec évidence, et ne demande que du bon sens pour être aperçu. » Jean-Jacques Rousseau.
Il est difficile de dire qui a commencé ni si cette évolution a été concerté mais nous assistons depuis plusieurs jours à une évolution politique à droite de l’échiquier politique. D’Henriette Martinez à Gérard Tenoux en passant par Chantal Eymeoud, un véritable front de défense des services publics est entrain de naître dans les Hautes-Alpes (ne riez pas…).
Alors que l’Agence Régionale de Santé (ARS) envisage de fermer le service de psychiatrie de l’hôpital de Laragne. La mairesse et militante de « Les républicains » participe au lancement d’une pétition et la soutien sur Facebook avec cet argumentaire : « Les territoires ruraux sont menacés et attaqués de toutes parts par la volonté de centraliser tous les services vers les villes. Luttons ensemble contre le déménagement programmé de nos communes. »
Alors que la trésorerie de Serres devrait être fermé au 1er Janvier 2019, le conseiller départemental du Buëch, Gérard Tenoux, ne décolère pas :« Services publics, la santé, les dotations des communes, pourquoi autant d’acharnement contre la ruralité ??? ».
Alors que l’ARS prévoit la fermeture des Urgences de nuit à Embrun, Chantal Eyméoud, 1ère vice-présidente de la Région Paca et maire d’Embrun, est vent debout : « Le maintien des urgences au centre hospitalier d’Embrun est une nécessité absolue pour la sécurité de nos concitoyens, des plus jeunes aux plus âgés. »
Evidemment la liste n’est sans doute pas exhaustive et nous verrons peut-être demain Roger Didier dénoncer l’austérité et Romain Gryska les dérives de l’ultra-libéralisme…
Mais ne boudons pas notre plaisir, il est urgent qu’un large regroupement de défense de nos territoires ruraux émerge et nous ne serons jamais assez nombreux pour défendre nos services publics.
Il convient pourtant de pousser nos élu-e-s locaux à la cohérence et à la réflexion. Soutiens depuis toujours des directives européennes et des politiques d’austérité sur le plan national, ils-elles semblent ne pas avoir anticipé les conséquences de leurs actes. Quand on diminue un budget, quand on cherche à rentabiliser des services de proximité, il est courant que les décisions budgétaires entraînent des baisses d’effectifs et des disparitions de services. Depuis plus de 30 ans, les partis de droite et le parti socialiste, avaient ouvert la voie à la politique Macronienne, curieux mélange d’un libéralisme sans frontière et d’un autoritarisme bonapartiste. Le bien commun est attaqué de toute part et ce n’est pas la « ruralité » qui est la cible mais le fait qu’elle ne soit pas rentable. La tragique situation des Hôpitaux publics est l’archétype de ce qu’il ne faut pas faire. Les usagers et les salarié-e-s en sont les premières victimes et chacun voit bien le marché juteux qui apparaît après la chute programmée du service public.
Nos élu-e-s locaux, qu’il-elle-s soient poussés par le « bon sens » ou des arrières pensées électoralistes, feraient bien d’ouvrir les yeux sur ce qui s’apparente à la destruction d’une vie sociale locale et la construction d’une société du chacun pour soi. Ils pourront alors comprendre que la lutte des cheminots pour défendre le service public ferroviaire est l’endroit idéal pour soutenir notre territoire et ses habitants.
Rendez-vous donc dans la rue !
Laurent Eyraud-Chaume
ps : pour ceux qui souhaitent découvrir le projet régional de santé de l’ARS :

3 commentaires

  1. Ce n’est pas un retour au bon sens : c’est le double langage habituel des élus de droite. Ils sont pour l’ultra-libéralisme sauf quand leurs électeurs en voient les effets locaux. Leur idéologie ne résiste pas à leurs intérêts électoraux.

  2. Article très pertinent et très… convergent ! La défense des services publics dans le monde rural dépasse en effet les clivages droite-gauche même si la solution n’est pas toujours consensuelle. Ne boudons effectivement pas notre plaisir si ces élus comprennent enfin que pour cesser d’opposer le pot de fer au pot de terre, le rat des villes au rat des champs, il suffit de revenir aux années « gaulliennes » où la péréquation primait sur le profit à court ou long terme. Ville et campagne sont comme femme et homme, yin et yang, différents, antagonistes et complémentaires. Que seraient les citadins sans le blé de la Beauce, le vin des Côtes du Rhône où le train n’est pas rentable ? Que seraient-ils sans nos stations de montagne ou balnéaires désertées 6 mois de l’année pour venir respirer un bol d’air ? Halte au fanatisme et retour au bon sens, d’accord !

  3. Euh…! Merci pour le lien sur le programme de santé très universitaire, niveau master. N’étant déjà pas compétent sur le domaine, je ne pense pas avoir le temps de lire le schéma avec ses 350 pages, dommage, c’est sans doute là qu’il y a du concret. Sur les stratégies, c’est très intéressant sur les constats mais comment financer tout cela ? En taxant les entreprises (et les riches…) ? En payant les médecins au Smic ? En prélevant sur les petites (ou plus grosses) possessions des classes dites laborieuses ? Le débat reste à ouvrir. Merci pour cette information de qualité.

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