C’est au pied du monument dédié aux enfants des Alpes morts pour la patrie, situé entre la préfecture et la cathédrale Saint-Arnoux, que s’est déroulé, dans le cadre de la « Marée Populaire » un hommage aux migrants disparus dans nos montagnes.
Blessing, Mamadou et combien d’autres encore ? auront au terme d’un périple d’un autre âge achevé leur voyage pour une vie un peu meilleure que ce qu’offrait la destinée dans la violence fatale d’une politique de rejet meurtrière.
S’il s’agissait d’une crise de l’accueil à la frontière d’un pays du tiers-monde sans eau, sans réserve alimentaire, sans place, on pourrait en discuter, mais voilà… Ils sont morts aux portes de la Patrie des droits de l’homme.
Fière nation qui a gravé dans le marbre, comme on grave une pierre tombale, Liberté-Egalité-Fraternité en oubliant de préciser qu’il s’agissait du droit de quelques hommes, de la liberté du marché et des puissants, de l’égalité des privilèges de classe sertie d’or et d’argent, et enfin de la fraternité entre tous ceux-là.
Fière nation qui vient de s’offrir le dernier-né des Barracudas, sous-marin d’attaque nucléaire, pour un peu plus d’1 milliard, et qui se l’est offert en ponctionnant dans les aides sociales des plus pauvres.
Fière nation qui vient encore de gagner une place en se plaçant troisième exportatrice d’armes de guerre dans le monde.
Fière nation qui se targue d’être le pays européen champion toute catégorie en reversement de dividendes et d’opérations spéculatives financières.
Fière nation dirigée par des petits valets sans envergure asservis à la finance qui leur intime l’ordre de cogner contre tous ceux qui refusent qu’on brade, qu’on vende, qu’on solde la démocratie sociale.
Alors les petits valets cognent ! Contre la jeunesse, les fonctionnaires, les personnes âgées, les plus faibles ! Ils cognent au nom d’une idéologie sans comprendre que beaucoup d’entre eux seront un jour sous la coupe du tonfa gouvernemental. Ce n’est qu’une question de temps. Ainsi vont toujours les idéologies au pouvoir. Lorsqu’elles éliminent un ennemi, elles s’en trouvent un autre jusqu’à mettre le peuple au pied du mur qu’il lui faudra faire tomber pour ne pas s’y fracasser.
Plus que des luttes, c’est à une convergence des consciences à laquelle on assiste au fur et à mesure. C’est pourquoi, en ce samedi, au pied de ce monument aux morts, on retrouvait des organisations humanitaires, des mouvements politiques, des syndicats, des citoyens pour faire acte de mémoire et de cri d’alerte pour les migrants morts aux portes de la patrie pour qu’elle se souvienne et qu’elle (re)devienne celle de l’universelle égalité en droit de tous les êtres humains, avec ou sans papiers, première signification de la fraternité et condition fondamentale de la Liberté.
Qu’elle soit une fière nation sociale et solidaire. Une fière nation où la vie ne se marchande pas.
Leo Artaud
Etaient présentes, entre autres, les organisations représentées par quelques 80 personnes : Réseau hospitalité, la Cimade, Un toit un droit, la CGT, Solidaires, Ensemble, le PCF, le Mouvement de la paix…