Une immense de gueule de bois sociale et politique que les vacances qui s’annoncent ne semblent pas parvenir à guérir. Il faut dire qu’après un automne gilets jaunes qui s’est poursuivi chaque samedi jusqu’en avril, avec les black blocs à la manœuvre, des grèves à répétition sur le climat tous les vendredis jusqu’à la veille des élections européennes, la liaison entre les syndicats et les gilets jaunes, l’épuisement des forces de polices et même de la force sentinelle, il y avait un parfum d’espoir dans la société civile, le pouvoir allait sauter ! Macron allait devoir soit dissoudre l’Assemblée nationale soit démissionner et alors tout aller devenir possible. Une assemblée constituante devenait un objectif réaliste. Certes, elle n’allait pas tout résoudre car entre les partisans d’une 6ème République et ceux d’une première démocratie qui supprimerait la représentation, les débats sur le Ric, espèce de couteau suisse pour certains permettant de résoudre tous les problèmes démocratiques, un danger très grave de populisme aigu pour d’autres, la confusion régnait et personne, pas même Mélenchon malgré son talent oratoire, ne parvenait à mettre un minimum d’ordre. Les citoyen.ne.s étaient entré.e.s en ébullition.
Toutes ces belles perspectives se sont effondrées comme un vulgaire château de cartes le 27 mai à 23h 11. Les résultats des élections européennes furent un véritable électro-choc. L’abstention était monté à 60 % des votants, les bulletins blancs et nuls représentaient 12 % des suffrages exprimés. Pour les listes en compétition, le choc était rude mais enfin, il y a quand même 40 % de votants ! La liste LREM s’adjugeait, déjouant tout les sondages 35 % des voix, le RN 18 %, la liste LR 16 %, Dupont-Aignan, contre toutes attentes, était à 9 %, le reste était divisé entre les « groupuscules », il faut bien les nommer ainsi, de l’ancienne « gauche » en donnant à ce terme sont extension maximale. EELV était à 7 %, la liste Ps avait atteint difficilement les 6 %, malgré l’effet Glucksmann, Génération’s dépassait légèrement les 4 %, le PCF avait du mal à digérer son 2 %, la liste LFI dévissait à 8,5 %. Le reste des voix se répartissait entre différentes minuscules listes. La « gauche » était quasi en mort clinique ! L’électro-encéphalogramme n’est pas complètement plat, le malade respire encore mais il faut dire qu’il traverse une phase de « crétinisation » aigu. Ne pas réussir à surfer sur la vague anti-macron qui a coalisé tous les mécontentements, il fallait le faire ! On a un remake de la défaite de l’équipe de France de Rugby devant le Pays de Galles ! Ne pas avoir réussi un minimum d’union et être allé à la bataille, certes seulement électorale, en étant éparpillé était catastrophique. L’opération suicide a réussi !! Macron apparaît comme le grand vainqueur ! Adieux constituante, Ric, Fric, et autres révolutions. La contre révolution a réussi a vaincre sans qu’il y ait la révolution. Faire un Thermidor à froid, admirons la performance.
Les gilets jaunes assommés ont abandonnés les ronds points. Macron en a immédiatement profité pour relancer son projet de changement de constitution et faire avancer sa réforme antisociale des retraites, la justice arrête les poursuite lancée par le Sénat lors de l’affaire Benalla. Au niveau des autres pays européens, Macron apparaît comme celui qui a su résister à la vague populiste et se retrouve en position de force par rapport à l’Allemagne. Il incarne maintenant un futur désirable sur les ruines de la « gauche ». Le paradoxe de tout cela, est qu’il ne doit pas sa victoire à son intelligence stratégique mais à la politique boutiquière et à courte vue de ses adversaires. Wauquiez abandonne la politique et entre dans un monastère. Marine Le Pen se retrouve avec une fronde dans son pari, Mélenchon entouré de sa garde prétorienne annonce qu’il va se consacrer à développer l’art oratoire en rejoignant l’émission Le grand oral. Quant aux autres,…
Bon, ce n’est pas tout ça mais où vais-je passer mes vacances ?
Alexandre Théon