Sujet brûlant, la généralisation du travail du dimanche concernant les commerces de détail alimentaire nourrit abondamment l’actualité et les futures manifestations.
Ce dimanche vingt-sept octobre l’intersyndicale et les gilets jaunes investissent le parking de Géant à Gap. En convergence des luttes, les manifestants unis par une indéfectible détermination, érigent des barricades au moyen, notamment, de poubelles. Détail curieux les chariots ont mystérieusement disparus du paysage ! Devant l’entrée une dizaine de vigiles prennent prestement leur poste ; Les entourant, quatre fonctionnaires de police vigilants veillent au grain (bio… ?). Immédiatement le blocage s’amorce durant trois heures dans une ambiance festive, revendicative mais ferme. Déconcertés de nombreux clients fuient rapidement.
Obstinés les manifestants dénoncent l’ouverture illégale sans personnel avec seulement des automates l’après-midi, vecteur à terme du remplacement définitif des hôtesses de caisse. Ils mettent en avant le risque d’augmentation du chômage et considèrent que cette expérimentation doit cesser au plus tôt. Le repos dominical, inscrit au code du travail, pose l’interdiction d’ouverture après treize heures, non respectée par l’enseigne.
L’enjeu sociétal est de taille.
Le risque à terme serait de déclencher une guerre commerciale qui n’aurait d’autre objectif que de faire du dimanche un jour travaillé et rémunéré comme les autres sans plus de compensation. Normalisé, le travail dominical deviendrait contraint au même titre que les autres jours de la semaine.
Cette banalisation du travail du dimanche entraînera nécessairement une plus grande désocialisation pour les salariés déjà durement impactés par leurs conditions familiales (familles monoparentales, familles décomposées… ).
En sus le réchauffement climatique directement lié à la production agro-industrielle nous impose d’autres comportements ainsi qu’un profond et urgent changement de paradigmes. La question de la consommation 24/24 imposée par l’internet devra aussi interroger la société en ses fondements… Du citoyen au consommateur qui se transforme maintenant en produit et en variable d’ajustement du si mal nommé « marché du travail », et à l’heure où la question du devenir de l’humanité se pose, l’étape suivante sera-t-elle de nous muer en homorobotus-consumeris ?
A ce jeu, Casino mise sur la résignation du citoyen réduit à un simple pion. Pas sûr que face à la mobilisation syndicale et citoyenne le Géant emporte ce bras de fer.
Pascale Escallier
Journaliste-citoyenne
Bravo Pascale pour ce premier article !