Tel un retentissant tonnerre déchirant le ciel gouvernemental, le dix-sept novembre 2018 la rue française s’emplit d’une multitude de cris « Macron démission ! »… Le ton donné ne souffre d’aucune discussion. Dans la foulée un halo jaune recouvre les ronds-points, réinvestis symboliquement par une vaillante armée populaire d’oubliés de la démocratie. Là, sur ce carrefour de vies, ces citoyens méprisés réinventent le « vivre ensemble ».
UNE LAME DE FOND ISSUE DES ABYSSES DE LA SOCIÉTÉ
Ce mouvement insurrectionnel naquit sur la toile, fil d’araignée engluant le pouvoir libéral. Une pétition est lancée contre la taxe carbone sur les carburants. Révélatrice de profonds malaises sociaux obstinément tus, elle prend prestement de l’ampleur abondée par des questionnements sociétaux et politiques fondamentaux… Ces nouveaux révolutionnaires, nourris d’internet, affûtent ensuite leurs armes en se confrontant aux réalités sociales actuelles.
UN ESPRIT RÉVOLUTIONNAIRE INTACT
Un an après, la première bougie est soufflée au rond-point de Tokoro à Gap ; lieu symbolique au cœur des gilets jaunes. Une importante mobilisation de relance du mouvement s’impose fermement, renforcée, convergence des luttes oblige, par l’intersyndicale et des forces politiques (les Insoumis, Ensemble et le Parti Communiste), sous la douce musique des klaxons.
Imprégnée d’une mission d’étroite surveillance une escouade de policiers et de gendarmes veille au grain … L’ambiance festive, et revendicative à la fois, laisse libre cours aux chants entonnés lors de tours de carrefour giratoire. Par souci de pédagogie des militants en habit jaune tractent aux quatre entrées du rond-point, entre deux débats. L’un d’ entre eux sera mené par deux syndicalistes de la CGT au sujet de la réforme des retraites, sujet brûlant de la rentrée sociale. En marge, un tintamarre d’avertisseurs sonores continu constitue la preuve irréfutable de l’important soutien des citoyens.
Crédit photo Julien ROYER
A noter, toujours la présence de l’ huissière, qui ne compte plus ses dimanches à Géant, certainement contrainte de faire quelques ménages pour gagner sa vie… Plus d’expulsions locatives pendant la trêve hivernale à se mettre sous la dent dure de la misère des autres qui la fait vivre, maitre V profiterait-elle du mouvement social pour arrondir ses fins de mois… ? Penseront les mauvais esprits que nous ne sommes pas.
DES REVENDICATIONS ÉLABORÉES
Réellement structuré ce mouvement mature a élaboré au fil de l’année écoulée de solides revendications, d’ordre sociétales et politiques à la fois. Convaincante une femme arborant un gilet jaune abonde en ce sens. Elle revendique « plus de justice sociale dans tous les domaines, liée au partage des richesses ». A ses yeux « le peuple doit retrouver sa souveraineté. Pour peu qu’il l’ait eu, d’ où l’importance du RIC » (NDLR : Referendum d’Initiative Citoyenne) ». Cette militante croit beaucoup en « l’intelligence collective et populaire ». « La preuve : les gilets jaunes ont montré dans la durée du mouvement et des échanges que la réflexion politique leur appartient. Et qu’une cohérence peut se construire sur la solidarité ».
DE LA GRAINE DE ROND POINT A LA CONVERGENCE DES LUTTES
Ces profondes réflexions renforcent la convergence des luttes. Actuellement la question de la pérennité du mouvement se pose en terme d’actions pertinentes et constructives au regard de notre époque complexe. Elles visent à consolider cette force d’opposition, face aux mesures libérales de casse sociale du gouvernement de « Jupiter »; menées à un train d’enfer… Imposants les futurs enjeux des luttes, elles sont désormais à la portée de gilets jaunes aguerris à croiser le fer. Sûrement ils leur feront les honneurs de leurs indéfectibles convictions militantes !
Déjà il y a un an nous écrivions cette insurrection qui ne vient pas… Un an plus tard il semble qu’elle prenne son temps. Mais qu’elle vienne quand même ! Par voie de conséquence l’arrogance affichée du pouvoir en place en sera pour ses frais de bouche, avec en sus des homards offerts aux gueux ( ?).
Pascale Escallier
Journaliste-citoyenne