Dans une vidéo prise à son domicile, nous découvrons un député confiné avec son chat, expliquant son télétravail avec l’Assemblée et exhortant les hauts-alpins à rester chez eux. On aurait presque envie de l’imaginer en gentil grand père lançant ses fameuses blagues à la fin d’un repas de famille. Il voudrait se présenter en gentil député de troisième division disputant ici un amendement pour défendre son train, là un alinéa pour gagner 10% pour les artisans… Seulement voilà, Joël Giraud est l’un des 10 députés les plus influents de France et nous sommes au cœur de le plus grave crise sanitaire qu’ait jamais connu notre pays.
Joël Giraud ne nous fait plus rire…
Pièce maîtresse de cette majorité (et de la précédente), il a voté toutes les lois (et en a inspiré de nombreuses). Si l’hôpital est à bout de souffle, s’il manque de masques, de lits de réanimation, si des gens meurent pour ces raisons… il en est aussi responsable. Si la France a œuvré pour accélérer la mondialisation néolibérale qui pousse à la dérégulation et aux délocalisations, il en est aussi l’un des artisans. Au cœur du désastre en cours, qui révèle les responsabilités de chacun, il ne peut plus se cacher derrière une blague et un bon mot. Hier près de 500 personnes sont mortes en France. Le (nécessaire) confinement qu’on nous impose est le fruit des incuries successives, des petites économies, des incapacités d’un pouvoir au service des puissants à s’adapter à des priorités simplement “de bon sens”. Il faudra à présent savoir pourquoi la France n’a pas commandé de tests à temps ? Pourquoi les élections municipales (qui ont agit comme un immense cluster…) ont été maintenues ? Pourquoi les stocks de masques ont disparus ? Les alertes ont été nombreuses et les manifestations de l’automne en était les derniers symboles. Un slogan est apparu en novembre qui résonne à présent tragiquement : “L’Etat compte ses sous, nous compterons les morts.”. Oui nous savions tous l’urgence.
Joël Giraud ne nous fait plus rire…
Si notre député veut conserver l’estime qu’il a encore chez de nombreux hauts alpins, qui reconnaissent sa force de travail, il faut qu’il prenne la mesure du drame en cours et des questions à venir. Alors que nous manquons de protection et de médicament dans les services de réanimation français, il est grand temps de réquisitionner les entreprises pour produire dès à présent (et à coût maîtrisé) ce dont la sécurité sanitaire des français exige. Alors que le virus continue sa propagation, il faut d’urgence fermer les entreprises non essentielles et protéger leurs salarié-e-s. Est ce vraiment le moment de fabriquer des voitures ou des maisons ? Il faut protéger les plus fragiles d’entre-nous (migrants, sdf, personnes victimes de violences familiales…) et débloquer les budgets nécessaires à cette protection. Monsieur Giraud est un député influent et sur l’ensemble de ces sujets, sa voix peut compter.
Cette crise nous met face à un choix de civilisation. Elle s’accompagne d’une baisse mondiale de la production et impacte positivement notre climat. Nous ne pouvons recommencer comme avant. Partout dans le monde, les Etats promettent des milliards pour “sauver l’économie” mais souhaitons-nous réellement la sauver ? Si la chute du mur a condamné à jamais l’expérience d’un socialisme étatique, la crise du coronavirus condamne le capitalisme. La déshumanisation du monde est un drame mondial qui nous pousse au précipice aussi vite que le réchauffement climatique. Ce qu’il reste de notre modèle social permettra à de nombreux français de traverser cette crise avec un peu moins de dégâts. partout dans le monde, des milliards d’individus n’auront ni droit à la santé ni droit au chômage, ni droit à la retraite ni droit à l’éducation. Ce coronavirus et la crise économique qui l’accompagne nous placent à une bifurcation historique : souhaitons nous réellement remettre une pièce dans la machine ? Monsieur le député, les aides accordées aux grandes entreprises seront elles sans condition comme pour le CICE ? Allez-vous lutter pour socialiser et relocaliser des productions essentielles ? Allez vous utiliser votre réseau et votre humour pour défendre une réorientation humaine et écologique de notre économie ?
Nous avons déjà les réponses à ces questions. Notre député défend depuis trop longtemps le libéralisme le plus dérégulé et les discours locaux ne cachent plus les incohérences politiques. Pour lui, le changement de cap est plus qu’improbable. L’heure est à présent à prendre une retraite méritée. A nous de reconstruire le monde.
LEC
Bonne synthèse … merci
J’apprécie votre publication.
Je voudrais savoir si Alp’ternatives ne vit que grace aux dons (défiscalisés-ça compte pour le montant!).
Quel est votre lien avec La nouvelle Commune ? Quand on aide l’un on aide l’autre ?
Amicalement
Bonjour, nos 2 publications sont amies mais indépendantes 😉 Alp’ternatives est publié par Ensemble / PACG 05 😉