Le 19 mai, les salles de spectacles et de cinéma ont enfin rouvert leurs portes, mais la crise sociale qui continue de traverser notre secteur et toute la société gâche la fête pour des milliers d’entre nous.
Les récentes annonces gouvernementales (prolongation sur 4 mois de l’année blanche, dispositifs de “repêchages” et de soutien à l’emploi) montrent que la mobilisation de notre profession depuis le 4 mars commence à porter ses fruits. Le gouvernement reste pourtant au milieu du guet, nous allons l’aider à traverser ! 4 mois, ce n’est pas 12 mois quand des milliers de personnes ont vu leurs revenus divisés par 2 durant plus d’un an. Les mesures ponctuelles de soutien aux résidences et à la diffusion ne sauraient faire office de “plan de relance” dans un secteur qui mettra des mois avant de sortir réellement de la crise.
Le gouvernement n’a sans doute pas envie d’ouvrir les yeux sur 2 nécessités portées par le mouvement des occupations car elles l’obligeraient à un changement de politique :
- Dès les premières nuits passées à l’Odéon, puis partout en France, nos occupations sont devenues un espace de convergence des intermittent-e-s de l’emploi, une agora pour dire les dé tresses des plus précaires et leurs colères face à la volonté du pouvoir de leur faire payer la crise. C’est pour cette raison simple de justice sociale que nous demandons le retrait de la réforme de l’assurance chômage et des décrets du 30 mars.
- Occuper des lieux de culture nous a également appris à nous en sentir copropriétaires. Le retour d’une parole artistique dans la société après ces mois de crise sanitaire ne pourra se faire comme avant. Notre mouvement est porteur d’exigences pour demain et le gouvernement doit saisir ce qu’il recèle de révolutions pour notre vie culturelle. Il doit permettre sans attendre une refondation de nos métiers : parité, mixité, place des jeunes, droits culturels, présence sur les territoires…

Depuis des semaines, notre collectif “Occupation Itinérante 05” a multiplié les initiatives et les mobilisations pour dire ces urgences. Si nos rencontres avec les parlementaires ont parfois permis un soutien à “l’année blanche” et aux artistes plasticiens, la réforme de l’assurance chômage ne semble pas être un sujet de débat. Nos députées n’ont plus peur de faire payer la crise aux précaires, de rendre les chômeurs responsables de leur sort, de considérer des millions de vies à travers des tableurs Excel… Alors que la crise impacte durablement tous les secteurs économiques, et particulièrement notre département si touristique, il faut faire jouer la solidarité entre nous et soutenir les intermittent-e-s de l’emploi pour traverser cette période qui ne cesse de creuser les inégalités.
Voilà pourquoi nous appelons tous ceux et toutes celles qui ont la fraternité comme boussole à participer aux rassemblements du 22 mai à Marseille à 10h devant le FRAC, 20 bd de Dunkerque, contre la réforme de l’assurance chômage.
Si nous sommes heureux de pouvoir enfin commencer la reprise progressive de nos activités, le retour d’une vie artistique dans un océan de précarité ne ressemble pas au monde d’après que nous souhaitons construire.
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« Les Occupant-e-s en mouvement du 05 »est un collectif de professionnel-le-s de la culture des Hautes Alpes. Il s’implique depuis le 20 mars pour éviter une crise sociale sans précédent dans le secteur artistique. L’occupation itinérante du 05 demande notamment le renouvellement de l’année blanche et le retrait de l’assurance chômage. Dans leur diversité, les membres du collectif, comédien-ne-s, musicien-ne-s, technicien-ne-s, plasticien-ne-s, souhaitent œuvrer à ré-inventer une vie culturelle riche et solidaire.
Soutenu-e-s par le Synptac-CGT, le Sfa-CGT et le Synavi, cette mobilisation atypique est ouverte à toutes celles et tous ceux qui souhaitent faire vivre une lutte essentielle pour aujourd’hui et pour demain.
Contact : occupationitinerante05@gmail.com