[Procès des 7 de Briançon #2] 27 mai : Retour en Avant ?

En 2016, les premiers migrants bloqués en Italie essayent d’arriver en France dans des conditions alpines difficiles par le col de l’Echelle puis  de Montgenèvre. Une solidarité s’organise dans le Briançonnais : pour accueillir dignement  ces personnes et éviter qu’elles  prennent des risques en montagne  afin que « nos montagnes ne deviennent pas des cimetières ».

Le 21 avril 2018, le groupuscule  d’extrême droite Génération Identitaire manifeste contre les exilés, en occupant le Col de l’Echelle et  bloquant la frontière matériellement deux jours.

Le 22 avril une manifestation spontanée et pacifiste a lieu entre Clavière et Montgenèvre pour dénoncer les propos nauséabonds  et  l’occupation de Génération Identitaire.  Le soir même, Eleonora, Théo et Bastien  sont  interpellés   en garde à vue, Mathieu subit des violences policières sur la voie publique.

Placés en détention provisoire immédiate, Eleonora, Bastien et Théo passeront 10 jours en prison avant d’être remis en liberté puis mis sous contrôle judiciaire strict le 31 mai. Leur procès aura lieu le  8 novembre.

En juillet 2018, Lisa, Mathieu, Juan et Benoit sont mis en garde à vue. Le  procès est aussi fixé  au 8 novembre.  Les 7 solidaires sont poursuivis pour délit d’aide à l’entrée de personnes en situations irrégulières sur le territoire en bande organisée.  

 Le procès du 8 novembre 2018 au tribunal de Gap durera 17 heures à l’intérieur, comme à l’extérieur grâce à un rassemblement  de soutien important. Le délibéré est rendu un mois plus tard : il exclut l’accusation de bande organisée mais condamne les 7 pour aide à entrée sur le territoire. 6 mois de sursis pour Eleonora, Lisa, Bastien, Théo et Benoît, 4 mois ferme pour Juan et Mathieu.  

Avec l’aide des associations et collectifs de soutien qui permettent  de tenir la lutte juridique et de récolter des fonds, les 7 de Briançon décident  de continuer le combat au nom de la solidarité et de la lutte contre les idées xénophobes, ils font appels.  

Le groupe génération identitaire a été relaxé en juillet 2019  après  appel à Grenoble, ils avaient  été condamnés en premier instance  à 6 mois de prison ferme par le tribunal de Gap. Depuis, ce groupe a été dissous.

Durant ces 4 années, plusieurs maraudeurs ont été et sont encore poursuivis toujours pour « aide à entrée sur le territoire ». Après avoir fait  appel, en octobre 2019 ici même Pierre est relaxé, Kevin est condamné à deux mois de sursis.   

Malgré cette pression qui s’intensifie depuis 5 ans à la frontière,  la solidarité continue envers les exilés tous les jours dans les Alpes.  Et cela grâce à de nombreux-ses actrices et acteurs qui ne baissent pas les bras.  Car l’aide à  des personnes en difficulté ne peut être un délit en France ou ailleurs. 

Le 27 mai 2021, à Grenoble a eu lieu le procès en appel des 7 et le délibéré du procès du 22 avril dernier de deux maraudeurs, est rendu à Gap, eux sont condamnés à deux mois de sursis.  Le 27 mai, 500 manifestants et plus se sont succédés entre 13h et 21h aux alentours du tribunal de Grenoble pour manifester leur soutien à la solidarité. Cette mobilisation organisée par le comité de soutien des 3+4+2 de Briançon en partenariat avec un collectif d’artistes grenoblois, fut riche en échange, en parole, en musique, en rencontre dans l’apaisement et sous le soleil. Les solidaires présents étaient cools, attentifs et   concentrés pour soutenir les 7 et ne rien lâcher.

Des associations ont pris la parole à tour de rôle pour affirmer leur soutien et dénoncer toutes les dérives et problématiques liées à la question migratoire en France et ailleurs. L’enchaînement de ces nombreuses prises de paroles, de Tous Migrants, Médecin du Monde, la Cimade, l’Anafé, Anvita, Utopia 56, le DAL 38, Solidaires 05, la Juventa, le collectif des  demandeuses et demandeurs de  papier 13, la Cimed, l’UFJP, le collectif de sans papier 38… font rejaillir une chose, pourquoi il faut tant d’associations, de collectifs et de bénévoles ? Une réponse est claire, parce que l’Etat ne fait pas son travail et n’agit pas pour la solidarité humaine. L’Etat n’est représenté que par la police et les CRS en embuscade aux 4 coins du rassemblement, voici sa seule action  ici comme aux frontières, comme dans la rue, comme dans les refuges pour migrants…  Et les élus,  ils sont ou ? Quelques-uns affirment leur soutien et prennent la parole, le sénateur d’Isère, Guillaume Gontard et l’euro député Damien Carême, déjà très engagés. Le maire de Grenoble et d’autres élus régionaux, sénateurs et élus locaux sont présents sur ce rassemblement,  mais ils semblent bien minoritaires au milieu des élus du pays. Ceux qui sont aux manettes de cet Etat se cachent au milieu ou  se font oublier pour être sûrs de ne perdre aucune voix d’un côté ou de l’autre…  ou  pire certains   prennent la parole que pour  soutenir la répression et deviennent la nouvelle droite qui tend les mains à l’extrême droite. C’est pourquoi toutes ces paroles dites dehors durant cette après-midi sont utiles, en effet   toutes les façons d’agir sont nécessaires pour espérer un mieux fraternel. On ne peut dissocier les différents actrices et acteurs, ils agissent séparément mais ensemble vers un même objectif. C’est pour cela que l’appel à l’aide d’Halima, l’appel aux besoins humains, l’appel à être entendu, l’appel aux soins, l’appel à être reconnu  des jeunes africains, l’appel aux besoins financiers, l’appel à une écoute politique, l’appel aux soutiens juridiques, l’appel à se battre, l’appel à voter, l’appel à relaxer les 7 … sont lancés une nouvelle fois.

Les manifestants qui n’ont pu rentrer dans le tribunal ont eu droit à un  nouvel appel d’air de solidarité, et d’oxygène artistiques qui ne pouvait qu’égayer les visages crispés de l’intérieur par le procès. 

La fin fût difficile car  à 21h il n’y avait pas le temps   de se dire au revoir, l’Etat était cette fois vraiment là, les forces de l’ordre n’étaient plus du tout cachées en embuscade mais en nombre et sur la place… défier la solidarité coûte vraiment cher à l’Etat.

9 septembre, délibéré du procès, pour un retour en avant ? 

Alice Prud’homme

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