8 juillet 2022
Avertis tardivement d’une manifestation sur l’eau des syndicats agricoles au rond point du sénateur, nous les avons rejoint à 8h45. Et non ce n’était pas une manif contre l’arrosage exagéré des ronds points de Gap en cette période de sécheresse, ni un blocage de la circulation (d’eau…), c’était un mouvement d’humeur contre les fuites du canal de Gap. Nous voilà partis avec une petite trentaine de jeunes agriculteur/trice.s de tout le département pour visiter ces fameuses fuites. Elles se trouvent sur la branche du canal sous Charance à la hauteur de la maison du garde du canal. Il s’agit de plusieurs martellières qui sont fermées, mais sous lesquelles passe de jolis ruisseaux qui partent dans la nature : 150l/s perdus par jour, de quoi faire boire 90 000 personnes quotidiennement…





Ces pertes sont signalées depuis 2002 et rien de conséquent n’a été fait par le Canal de Gap pour les enrayer. Les agriculteurs eux ont fait des investissements pour consommer moins (en particulier sur les systèmes d’aspersion) et ils arrosent la nuit… mais à part une toute petite portion du canal qui a été sécurisée cette année, rien n’a changé… Ils souhaitent aussi que le stockage de l’eau pour Gap soit développé : or le projet de réserve du Chatelard est en panne (faillite du cabinet d’étude!). Celui de La Garde avait été abandonné après un combat juridique des riverains.
Dernière revendication des manifestants : que l’eau d’arrosage soit séparée de l’eau à boire, ce qui éviterait les coupures dues aux orages qui rendent l’eau « turbide » (trouble et impropre à la consommation).
La dernière étape a eu lieu devant les locaux du Canal de Gap, rue Lesdiguière, les manifestant.es demandent à être reçu.es par le directeur, Vincent de Truchis et le président Robert Nebon. Et nous voilà tous dans la salle de réunion (JA et journalistes). Nous avons droit à 1/2 d’heure d’explications techniques du directeur en réponse aux questions posées : les résultats de l’ASA du canal de Gap sont parmi les meilleurs… Donc les fuites c’est volontaire, c’est ce qu’on appelle les rigoles ! Et un appel d’offre a été lancé pour refaire les parties suivantes du Canal. Il glisse chaque fois des petites phrases sur la complexité des questions qu’on risque d’avoir du mal à comprendre…Et le président est collé contre le mur et n’arrive pas à placer une phrase complète lorsqu’on lui demande quelle est la politique du Canal. Les agriculteur/trice.s présent.es signalent qu’il n’y a rien de nouveau depuis la dernière réunion et décident de partir en laissant un sac de ciment et une truelle pour colmater les fuites.
Cet épisode vient s’ajouter aux questions posées par le dérèglement climatique et la sécheresse inhabituelle dans le département qui fait que le lac de Serre Ponçon est 8 m en dessous de son étiage moyen, que le Buech est au plus bas et le Drac n’est pas bien non plus. Cela rejoint les questions posées par l’alimentation en eau de la ville de Gap et les scénarii proposés pour essayer de sécuriser l’approvisionnement, par les activités nautiques de l’été sur le lac et dans les cours d’eau qui risquent d’être empêchées. Les agriculteur.trice.s sont inquiet.es à juste titre pour l’arrosage de leurs cultures, la nourriture de leurs élevages et on comprend leur énervement. Et nous les consommateur.trice.s d’eau il est important que nous essayons de réfléchir de toute urgence sur les solutions possibles.
Le 8 juillet 2022
Cécile Leroux