[GAP] Notre hôpital presque en mort « clinique » !

Il y a peu devant l’hôpital les manifestations visaient les contre réformes du pouvoir de Sarkozy, Hollande et Macron. Avec la pandémie, les manifestations reprirent pour demander des masques, des tenues, des lits, des soignant-e-s. En quelque sorte, des moyens techniques et humains. Les applaudissements chaleureux remerciaient et encourageaient le personnel. C’était avant, dans le monde d’avant le Covid et dans le monde du Covid. Au fond, on pensait qu’il y avait des problèmes mais que l’hôpital pouvait faire face si on l’aidait en rompant avec la politique d’économie néolibérale.

Mais aujourd’hui, ce fût la manifestation la plus grande qu’ait connu le parvis de l’hôpital. Entre 500 et 600 personnes écoutant atterrées, les chirurgiens, de plusieurs spécialités, dirent qu’ils avaient démissionné, que la situation était dramatique, bref, que l’hôpital de Gap risquait de mourir ! Des infirmières et des anesthésistes du bloc ont témoigné de leur peur, de leur angoisse, de leur symptômes, de leurs mises à l’arrêt pour souffrance psychique. Un médecin élu au conseil de gestion de l’hôpital est venu dire son désarroi, sa honte et sa colère de cette situation. En clair, si rien n’est fait, l’hôpital de Gap est en danger de mort ! Même la députée en est convaincue et elle est venue dire tout ce qu’elle essayait de faire pour « sauver » ce si spécial malade ! Bien entendu, l’intersyndicale CGT, CFDT, FO, Solidaires n’a pu que dire combien ils étaient inquiets devant cette situation et tous ces départs et que sans doute, il allait y avoir un plan de restructuration.. 

Mais de quoi souffre nôtre hôpital ? Pourquoi, toutes ces démissions, ces départs, ces déprogrammations des opérations ? Pourquoi le bloc opératoire est-il en mort « clinique » ?

Un climat délétère s’est installé depuis que le Docteur Norotte, chirurgien orthopédique a été accusé, par un autre chirurgien orthopédique, d’appliquer des techniques d’opérations illégales. Remarquons que ces opérations sont pratiquées dans d’autres hôpitaux en France et surtout qu’elles sont légales dans une grande partie de l’Europe ! D’ailleurs, nombreux, nombreuses étaient ses ancien-ne-s patient-e-s dans la manifestation, venu-e-s dire leur incompréhension à cette accusation ridicule. Ce conflit est devenu judiciaire et donc il faut attendre que la légalité tranche. Mais pour tout le monde présent le procès fait au Docteur Norotte est injuste. De plus celui qui a porté l’affaire en justice est un être que personne ne veut fréquenter tant il est insupportable. Les autres chirurgiens, on n’ose pas dire ses confères, le disent, c’est même un leitmotiv de leur intervention, il est méprisant, haineux, il pratique le harcèlement moral, etc.. Bref, personne ne veut travailler avec lui ! Et voilà pourquoi le bloc opératoire est quasi à l’arrêt.

Bon, on comprend l’origine de ce climat mais que font les autorités de l’hôpital ? Que fait l’ARS (l’Agence Régionale de la Santé) ? Que fait le ministère de la santé pour stopper cette crise ? La crise de l’hôpital s’accompagne d’une crise de la « gouvernance ». Le directeur de l’hôpital vient de quitter son poste ! Nous ne commenterons pas ce départ. Il y a quelques années l’ARS avait rendu un rapport désavantageux à l’égard du chirurgien accusateur. Celui-ci avait été suspendu pendant trois ans mais son retour récent a créé la catastrophe actuelle et le ministère n’a pas voulu ou pu tenir compte de ce rapport, un peu ancien. Il y a manifestement un imbroglio administratif. Celui-ci se complique du fait que le fauteur de troubles vient d’obtenir le statut de « lanceur d’alerte » ce qui lui donne une protection juridique. 

La question est simple : va-t-on laisser mourir un hôpital, va-t-on laisser une population entière de deux départements ne plus pouvoir se soigner au prétexte d’une accusation « grotesque » contre un des chirurgiens de l’hôpital soutenu par l’ensemble de personnel et la quasi unanimité de ces ancien-ne-s patient-e-s ? Le Ministre de la Santé est dans l’obligation morale, déontologique et politique de sauver l’hôpital en tant que bien commun de toute une population. L’opération de guérilla juridique va-t-elle réussir à mettre le feu à l’ensemble de l’hôpital ? Le pouvoir doit rapidement prendre ses responsabilités. Il n’a déjà que trop tarder.

Le 16 avril 2021

Jean-Paul Leroux  

4 commentaires

  1. Merci pour cet éclairage, Existerait-il un lien entre les déboires de la chirurgie orthopédique de l’hôpital et l’extension importante à la Clinique du pôle…photovoltaïque, euh orthopédique.

  2. Je viens de lire votre article et tiens à apporter trois remarques ou informations relatives à ce conflit et à ce rassemblement :

    1) votre chiffrage du nombre de participants me parait exagéré. Je l’estime plus proche de 400 (au maximum) Par contre, ce qui est très positif, c’est l’accroissement du nombre de manifestants par rapport au samedi 3 avril, ce qui témoigne d’une forte mobilisation des salariés et des citoyens (dont beaucoup de retraités du Chicas)

    2) L’intersyndicale regroupe trois organisations : la CFDT, FO et la CGT. Solidaires n’existe pas au Chicas.

    3) Vous posez la question des responsabilités de la réintégration de ce praticien soi-disant lanceur d’alerte. Sachez que le Tribunal Administratif de Marseille avait validé la suspension du Dr Hammami dans une ordonnance de mars 2021 , suspension prononcée le 2 février 2021 par l’ARS (Agence Régionale de Santé) de Provence Alpes Côte d’Azur . Et pourtant cette même ARS décide en ce mois de mars d’abroger cette suspension (pourtant confortée par le Tribunal Administratif) , ce qui a permis le retour si problématique du praticien !!! Il faut croire que la pression a été forte sur l’ARS pour qu’elle se déjuge de façon aussi ridicule. Il est clair que la décision a été prise par les services du ministère, et donc qu’il faut s’adresser au ministre pour dénouer cette crise si dangereuse.

    Claude Denais
    Ancien infirmier du bloc opératoire (1982-2016)
    Ancien responsable du Syndicat CFDT du Chicas

  3. Loin de moi l’idée de vouloir politiser cette situation dans un moment ou notre pays aurait besoin de plus de cohésion, mais des décisions urgentes s’imposent. Pour mémoire dans notre département nous avons deux députés LRM un secrétaire d’état à la ruralité auprès de la ministre de la cohésion des territoires. Prennent-ils la mesure du problème et leurs responsabilités ? Une Champsaurine victime d’une chute et d’une fracture du rachis (ce WEnd) est évacuée sur Grenoble !!!! Est-ce ce que l’on veut pour nos Territoires et notre service de santé ??

  4. Je pense depuis le début de la crise , que l’auteur du harcèlement moral etc…a des appuis , ce n’est pas clair du tout cette suspension. puis réintégration…
    Par ailleurs , y a -t-il eu des plaintes déposées pour harcèlement moral ? il faut AGIR

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